Les 7 Soleils

"Et puis, pensez donc : Saint-Nazaire, le port, les quais, l’océan, le vent du large, les embruns qui vous fouettent le visage..."
Archibald Haddock - Les 7 Boules de Cristal

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Dans les pas de Tintin à Saint-Nazaire...

Pour une promenade dans l’histoire, dans le présent et dans l’imaginaire

mercredi 25 mai 2005, par Jean-Claude Chemin

 Mettre ses pas dans les pas de Tintin, du capitaine Haddock et de Milou à Saint-Nazaire ? Rien de plus facile !
 Il suffit de suivre le parcours jalonné par les six fresques reprenant les vignettes des 7 Boules de Cristal.

En route pour une promenade en cinq étapes, en compagnie de Tintin, du capitaine Haddock et de Milou !

1ère étape

Entrée nord de Saint-Nazaire, près de la gare de chemin de fer.

Si vous venez de Belgique, c’est par ici que vous entrez à Saint-Nazaire. Cette première fresque reprend le dessin de Hergé où, dans Les 7 Boules de Cristal, apparaît pour la première fois le nom de Saint-Nazaire.

Tintin et ses compagnons viennent de quitter le château de Moulinsart, à bord de la Lincoln Zephyr jaune du capitaine Haddock. Ils vont passer d’un lieu imaginaire - mais en partie inspiré d’un monument réel, le château de Cheverny -, pour arriver dans une ville réelle : Saint-Nazaire.

Mais cette entrée de Saint-Nazaire n’est pas celle qu’ils ont empruntée car elle n’existait pas à l’époque où ils y sont venus. Cette entrée a, en effet, été ouverte lors de la reconstruction de la ville. L’hôtel du Berry, qui marque le début de l’avenue de la République, a été l’un des tout premiers bâtiments à s’élever sur les ruines de la ville, détruite à plus de 85% par la deuxième guerre mondiale.

À noter que Saint-Nazaire a été la dernière ville d’Europe libérée de l’occupant allemand : c’était le 11 mai 1945.

 Pour en savoir plus
Sur l’histoire de Saint-Nazaire

Le château de Cheverny propose une exposition permanente intitulée Les secrets de Moulinsart.

2e étape

Quartier de Méan-Penhoët : ils arrivent à Saint-Nazaire.

Venant du nord ou de l’est, c’est en fait par la rue de Trignac que, jusqu’à la reconstruction de la ville, on entrait à Saint-Nazaire.

Hergé, qui n’avait vraisemblablement pas de documentation pour dessiner ce décor, a très bien vu la perspective aboutissant sur les silhouettes de grues. En revanche, l’usine et ses grandes cheminées et la cuve du gazomètre étaient situées à un autre endroit.

À Méan, en bordure de l’estuaire du Brivet, s’activaient les chantiers de construction de navires en bois qui fourniront des ouvriers au chantier de construction navale en fer, implanté en 1862 dans le quartier voisin de Penhoët. De ces cales sont sortis des paquebots de légende comme le Normandie - emprunté par Tintin pour rentrer d’Amérique et dans la version en noir et blanc de L’Oreille cassée -, le France et, plus récemment, le Queen Mary 2.

Implantée dans les années vingt, la construction aéronautique est, au départ, une diversification de la construction navale orientée sur la fabrication d’hydravions. Construit à Saint-Nazaire, l’hydravion Wibault-Penhoët a sans doute servi de modèle à Hergé pour dessiner l’appareil représenté page 12 de L’Oreille cassée à bord duquel embarquent Alonzo Perez et Ramon Bada.

À voir aussi dans le quartier de Penhoët, les halles de style Baltard. Construites en 1877 dans le centre de Saint-Nazaire, elles ont été transplantées ici en 1936.

3e étape

Sur le port à la jonction des bassins de Penhoët et de Saint-Nazaire.

La voiture beige des ravisseurs du professeur Tournesol a été retrouvée dans un des bassins du port. Mais pas de traces de ce cher Tryphon !

Cette fresque a été installée sur le quai oblique, entre les deux bassins du port. Côté sud, le bassin de Saint-Nazaire : il a été ouvert le jour de Noël 1856. Côté nord : complété par trois formes de radoub, le bassin de Penhoët, ouvert en 1881.

4e étape

Base sous-marine : le port transatlantique.

Dépités de ne pas avoir retrouvé la trace de leur ami, Tintin, le capitaine Haddock et Milou déambulent sur les quais. Ils arrivent à la gare maritime. Tout à coup, Tintin se précipite vers un paquebot en partance. Il vient d’apercevoir le général Alcazar qui s’apprête à embarquer pour rejoindre son pays, le San Theodoros.

Construite pour le compte de l’occupant allemand, l’imposante base sous-marine est venue recouvrir le bassin où accostaient les paquebots de la Compagnie générale transatlantique. Saint-Nazaire a été, de 1862 jusqu’à l’édification de cette base, la tête de ligne des paquebots de la "Transat" reliant l’Amérique centrale : les Antilles, Cuba, le Mexique, Panama (d’où on pouvait rejoindre les ports de la côte pacifique, dont Callao !).

De cette époque, qui a duré 70 ans, il ne restait plus, après la destruction de Saint-Nazaire, que les vestiges de la gare ferroviaire, toujours visibles aujourd’hui, et des noms de rues : Santander, La Havane, Veracruz, Mexico, noms des escales des paquebots qui partaient d’ici.

En faisant venir Tintin et ses compagnons à Saint-Nazaire, Hergé rappelle donc cette époque fondatrice pour Saint-Nazaire : l’ouverture de la ligne transatlantique a contribué en effet au développement de la ville et de son port et a eu pour conséquence immédiate l’implantation des chantiers de construction navale.

L’une des alvéoles de la base sous-marine abrite aujourd’hui Escal’Atlantic, le centre international des paquebots. Au gré de reconstitutions d

’intérieurs des grands liners, Escal’Atlantic propose un voyage dans l’histoire et la légende des paquebots. À proximité se situe l’office de tourisme.

5e étape

Quai du commerce, boulevard René Coty.

Le capitaine Haddock, qui s’est imprudemment assis sur un ballot, est enlevé avec lui.

Hergé s’est inspiré d’une photo tirée d’un magazine pour dessiner cette scène. Que signifie la représentation stylisée d’un animal figurant sur les ballots ?

Cette fresque est installée à proximité du terminal frigorifique construit par les Américains pendant la première guerre mondiale, sur des plans identiques à celui de Chicago. Entre 1917 et 1919, Saint-Nazaire a été, en effet, le premier port de débarquement américain, en hommes et en matériel, en Europe. C’est pour approvisionner les Sammies en viande que ce terminal a été construit.

Aujourd’hui les bassins du port de Saint-Nazaire sont toujours le cadre d’un trafic mais le gros de l’activité s’est déplacé en amont de l’estuaire, sur Montoir et Donges.

Au 17 du boulevard René Coty se dresse l’ancien hôtel transatlantique, construit en 1880.

Bibliographie tintinophile

 Les 7 Boules de Cristal et Le Temple du Soleil, Hergé (éditions Casterman).
 Hergé, chronologie d’une œuvre, de Philippe Goddin (éditions Moulinsart). Couvrant la période 1943-49, le tome 5 explique en détail l’élaboration des deux albums de Hergé où il est question de Saint-Nazaire.
 Tintin, le rêve et la réalité, de Michaël Farr (éditions Moulinsart).
 Tintin, Haddock et les bateaux, de Yves Horeau (éditions Moulinsart).
 Tintin et la ville, collectif (éditions Moulinsart).

Bibliographie nazairienne

 Saint-Nazaire, ville maritime et portuaire, de Charles Nicol et Dominique Macel (éditions Siloé).
 Le Temps des Voyages, 4 destinations de légendes, de Emmanuel Mary, préface de Claude Villers, édité par Escal’Atlantic.
 Saint-Nazaire, port de toutes les littératures, éditions Autrement, 1992.
 Saint-Nazaire, 1939-1945, de Daniel Sicard (éditions Ouest-France, 1994).
 La poche de Saint-Nazaire, de Daniel Sicard (éditions Siloé).
 La base sous-marine de Saint-Nazaire, de Luc Brauer.
 Forteresse Saint-Nazaire, de Luc Brauer.