Les 7 Soleils

"Et puis, pensez donc : Saint-Nazaire, le port, les quais, l’océan, le vent du large, les embruns qui vous fouettent le visage..."
Archibald Haddock - Les 7 Boules de Cristal

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Rectificatif au Xornal de Galicia

L’oeuvre d’Hergé n’a rien de fasciste

mardi 19 mai 2009, par Jean-Claude Chemin

 A l’occasion de la conférence sur Tintin, Hergé et la mer qu’il donnait le 20 mars dernier à la FNAC de La Corogne (Espagne), à l’invitation de l’Alliance française, Jean-Claude Chemin a été interrogé par un journaliste du Xornal de Galicia.
 Jugeant ses propos déformés à un moment de l’article, le président des 7 Soleils a fait parvenir le rectificatif suivant au quotidien galicien.

A La Corogne, le président des 7 Soleils inaugurait un partenariat entre l’Alliance française et la FNAC.

J’ai relevé dans votre article les erreurs suivantes :
 la ville où Hergé fait venir Tintin dans Les 7 Boules de Cristal est Saint-Nazaire (et non Saint-Lazare) ;
 l’exposition Tintin, Haddock et les bateaux a été inaugurée à Saint-Nazaire en 1999, elle fut présentée sous différentes formes à Paris (2001), puis à Barcelone, Greenwich, et en 2007, année du centenaire d’Hergé, à Stockholm et Ostende, sa plage familiale.

Mais ce qui me fait réagir vivement, ce sont les propos que vous me prêtez lorsque vous écrivez :
(traduction) "Mais parfois, il dut se soumettre à la censure, et beaucoup : “Il travaillait pour un journal, le XXe siècle, qui était très à droite et avec un directeur admirateur de Mussolini. De ce fait, souvent ses thèmes sont traités dans le cadre d’une commande, dit l’expert de Tintin. De fait, dans ces circonstances, il reconnaît que certains des travaux du Belge sont fascistes”.

D’une part, le “et beaucoup” “(y muchos)” est exagéré. Le directeur du journal Le XXe Siècle a imposé à Hergé la destination de Tintin dans ses deux premières aventures (sur vingt-trois) : Tintin, reporter au pays des Soviets et Tintin au Congo. L’une revendique son anticommunisme et l’autre fait ouvertement la promotion du colonialisme. Mais cela ne peut suffire, du point de vue de l’objectivité historique, à les assimiler à des oeuvres fascistes.

Par ailleurs, ainsi que je l’explique dans ma conférence, en ce qui concerne les aventures de Tintin publiées pendant la guerre, Hergé a choisi d’envoyer son héros sur la mer, territoire qu’il considérait comme neutre. Il trouve alors le ressort de ces aventures dans la personnalité de nouveaux personnages qui deviendront inséparables du jeune reporter : le capitaine Haddock et le professeur Tournesol.

En évitant ainsi toute référence à l’actualité, Hergé épargne à ses récits les rigueurs de la censure allemande, le journal belge Le Soir où sont alors publiées les aventures de Tintin étant contrôlé par l’Occupant.

Hergé commettra toutefois un regrettable écart en insérant au début de L’Etoile mystérieuse deux cases comportant une plaisanterie antisémite ; il supprimera ces cases dès 1942 au moment de la parution de l’histoire en album.

Deux des aventures de Tintin, dessinées dans l’entre-deux-guerres ont été interdites par l’Occupant allemand : Tintin en Amérique et L’Ile Noire.

Donc, rien ne permet de dire que “certains des travaux du Belge sont fascistes”. Au contraire, Hergé laisse une oeuvre empreinte d’humanisme, où Tintin refuse les connivences qui lient pouvoirs politiques, milieux d’affaires, grandes puissances et marchands d’armes (L’Oreille Cassée), se porte au secours du petit pays pacifique menacé d’annexion par son voisin totalitaire (Le Sceptre d’Ottokar), une oeuvre où le professeur Tournesol met son génie au service d’une conquète pacifique de l’espace (Objectif Lune, On a Marché sur la Lune) et préfère détruire les plans de son invention quand il prend conscience des risques meurtriers qu’elle recèle (L’Affaire Tournesol), pour choisir enfin de se consacrer, entre autres, au développement de patins à roulettes à moteur ou à la création d’une variété de roses blanche dédiée à la Castafiore, “le Rossignol milanais”.

Quand les circonstances confrontent Tintin à l’injustice, il prend le parti de ceux qui en sont les victimes.


 L’article du Xornal de Galicia est lisible en ligne.