Les 7 Soleils

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Archibald Haddock - Les 7 Boules de Cristal

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Inoxydables !

La singulière rencontre avec Tintin de Jean-Louis Jossic, le chanteur de Tri Yann

Vendredi 12 mai le groupe nantais fête 46 ans de carrière

mercredi 10 mai 2017

Tri Martolod, Les prisons de Nantes, Les filles des Forges, La jument de Michao..., en 46 ans de carrière les Tri Yann ont enchaîné les succès. Ils fêtent cette belle longévité ce vendredi 12 mai à Nantes où tout a commencé.
Tintinophile, Jean-Louis Jossic, le chanteur du groupe, se souvient de sa singulière rencontre avec le tout aussi inoxydable reporter.

Comme la plupart des gamins de l’époque, le petit Jean-Louis Jossic connaissait l’existence de Tintin et Milou. ’ La représentation que j’en avais se limitait pour moi à quelques couvertures vues ici ou là, dont j’avais retenu en haut à gauche la tête de Tintin et celle de Milou un os au travers des dents ’ se souvient-il.

Jusqu’à cette année 1957 quand, hospitalisé dans une clinique nantaise pour une opération à l’oeil gauche, il découvre les aventures du célèbre reporter et de son fidèle compagnon... par la voix de sa mère.
Cette opération le plonge quinze jours dans le noir, un bandeau sur les deux yeux : " Maman me rendait visite tous les jours et, pour m’aider à passer mon ennui, me lisait tous les après-midi les aventures de Tintin, qui m’étaient inconnues. je suivais avec passion ces histoires, sans en voir les images ! " .
De ces aventures ouïes, Jean-Louis a gardé un souvenir très clair, si je puis dire, : le wagon fou dévalant la montagne dans Le Temple du Soleil, du gorille de l’île noire, du capitaine Haddock s’arsouillant dans Le Crabe aux Pinces d’Or, du professeur Philémon Siclone dans Les Cigares du Pharaon, de Didi, citant Lao Tzeu et sa curieuse manière de à faire trouver la voie " dans Le Lotus bleu..."

La soupe de haricots

Dans les semaines de convalescence qui ont suivi sa sortie de clinique, un cache rose collé sur le verre gauche de ses lunettes, Jean-Louis découvre de l’oeil droit les vignettes des albums dont sa mère lui avait fait la lecture : " Je crois que les deux premiers que j’ai relus en découvrant les images sont Les Cigares du Pharaon et le Lotus Bleu... Mes premières lectures personnelles ont été évidemment liées aux odeurs de la clinique, à la sonnerie tous les quarts d’heure de son horloge dans le couloir et au si bon goût de la soupe de haricots blancs qu’on m’avait servie le premier soir, veille de mon opération."
Dès son retour à la maison, Maman Jossic abonna son fils au Journal de Tintin où étaient alors publiées toutes les semaines en avant-première deux pages de Coke en Stock : " J’ai raté le début, jusqu’à ce qu’elle achète l’année suivante l’album complet à sa parution. Tintin est ainsi entré chez les Jossic pour ne jamais en repartir"
Jean-Louis soupçonne sa mère de satisfaire aussi sa propre addiction :" Je me suis mis à dévorer très vite tous les albums avec passion et émerveillement, que l’on m’offrait à la moindre occasion de cadeau. Mais ma mère n’attendait pas ces occasions pour en acheter, sans autre raison que de les lire elle-même et de me pousser à la pratique de la lecture".

Marionnettes

Dans les années soixante, Mme Jossic s’était fabriqué des marionnettes " avec des têtes en papier journal déchiré en fines lamelles et mélangées à de la colle à tapisserie, qu’elle laissait sécher, et qu’elle peignait ensuite et habillait elle-même, et un petit castelet. Pour le plus grand plaisir des gamins du quartier et à l’occasion des kermesses de l’école Sainte-Anne..." .
Lassée du répertoire classique, elle se lança, raconte Jean-Louis, " dans une entreprise un peu folle " : l’adaptation du diptyque Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge.

" Elle fit construire par un menuisier un énorme castelet vert foncé, imaginant une machinerie digne des théâtres de marionnettes de l’époque baroque et permettant de changer rapidement les décors : le hall du château de Moulinsart et ses caves, l’intérieur de La Licorne, le fond de la mer avec l’épave du trois-mâts, peints sur papier kraft armé et qui envahissaient la table de salle à manger tant et si bien que nous devions trouver refuge dans la cuisine à l’heure des repas ".

Carreaux rouges et blancs

"Les accessoires, poursuit-il, - dont des méduses, perroquets et le sous-marin requin du professeur Tournesol - traversaient l’espace scénique au bout de fines tiges de métal. Nous étions quatre ou cinq à nous partager les voix des rôles et la manipulation des personnages et des objets. Un formidable souvenir d’adolescence ! "

Jean-Louis Jossic se souvient qu’il dessinait souvent, de mémoire, la tête de Tintin :" Dans les cours qui m’ennuyaient en classe en 6ème et en 5ème, je remplissais mon cahier de brouillon de fusées de toutes les formes, ornées de carreaux rouges et blancs ".

Avant de sauter le pas vers "le métier-passion" de chanteur, Jean-Louis Jossic a enseigné dans les années 1970 à 1973 en collège comme professeur d’histoire-géo, mettant en oeuvre " la dimension pédagogique des jurons du capitaine Haddock : la découverte de l’existence et la signification du bachi-bouzouk, du Patagon des Zoulous, du Papou des Carpates, qui ont croisé mes cours en collège pour une meilleure compréhension par mes élèves" .
Quant à la Bayadère de carnaval, son souvenir est revenu au moment de l’écriture du dernier CD des Tri Yann à la faveur de l’adaptation du conte d’Alphonse Allais : La Bayadère et le roi...

Et ce n’est pas pour rien que son costume de scène à la fin du spectacle actuel de Tri Yann est une allégorie de la lune :" J’ai voulu qu’il s’inspire de la fusée de On a marché sur la lune et de sa fameuse ancètre vernienne en forme de suppositoire se plantant dans l’oeil de la lune du film de Georges Méliès ".