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Le cinéaste Jacques Clairmont est né à Nantes

C’est ce que rêvéla Jean-Bernard Pouy dans L’expédition Sanders-Hardmuth, un ouvrage bio-bibliographique d’une grande rigueur

jeudi 13 avril 2006, par Édouard Derval

A l’instar d’autres célébrités -on pense bien sûr à Jules Verne-, Jacques Clairmont, le cinéaste de la fameuse expédition Sanders-Hardmuth dont Hergé raconte les déboires dans Les 7 Boules de Cristal et Le Temple du Soleil est né à Nantes, ville où il a passé la première partie de sa vie et où est née sa vocation.

Jacques Clairmont voit le jour le 30 mars 1905 dans une famille modeste : son père est docker et sa mère blanchisseuse. Son père est tué en 1917 sur le front d’Ypres. Un Leica offert par son parrain à l’occasion de son anniversaire déclenche chez lui une irrépressible passion pour la photographie.

Alors il laisse tomber ses études universitaires et cherche à vivre de son art. Mais s’il fait, comme on dit, bouillir la marmite c’est grâce à son travail de localier dans la presse régionale. Vie précaire jusqu’à sa rencontre avec Jeanne Crépol, héritière des biscuiteries du même nom, qu’il épouse en 1930.

Le siège du journal Le Phare, où Jacques Clairmont fit ses premières armes.
DR

La fortune de sa charmante épouse -une des rares femmes avantageusement dessinées par Hergé- lui permet, comme le souligne Jean-Bernard Pouy, "de continuer sans souci ses recherches artistiques".

En 1932, Jacques Clairmont part en Belgique pour photographier les lieux où son père a perdu la vie. Il pousse jusqu’à Gand où il rencontre le documentariste belge Henri Storck dont il deviendra l’assistant, notamment sur son célèbre film : Borinage, réalisé en 1933.

Elégance

Mais Clairmont choisit de s’orienter vers le cinéma ethnographique. C’est ainsi qu’il fait la connaissance, au Musée des Sciences naturelles de Bruxelles, de Bruce Hornet avec qui il se lie d’amitié et qui l’engagera comme cinéaste sur l’expédition Sanders-Hardmuth. Jacques Clairmont est mort d’une crise cardiaque à Mons en 1968.

Citée comme témoin dans le retentissant procès du général Alcazar en cours d’assises de Loire-Atlantique, en novembre 2001 à Nantes, sa veuve a retrouvé à cette occasion la ville natale du couple. Mme Clairmont a fait forte impression par sa dignité et une élégance toujours aussi raffinée.

Mme Clairmont au procès du général Alcazar.

Dans son livre, Jean-Bernard Pouy nous donne à lire ce que Hergé, tenu par le format des albums et la nécessité de se concentrer sur son histoire, ne pouvait nous raconter, mais qu’il n’ignorait sans doute pas.

La malédiction

Nous découvrons ainsi par quels hasards et à la faveur de quelles nécessités les sept savants furent amenés à se rencontrer, comment, en amont de leur vie, leur chemin croisa celui de personnages singuliers -on apprend ainsi que le jeune Marc Charlet, né à Charleville-Mézières, eut pour professeur de Lettres et d’Humanités Georges Izambard, celui-là même qui enseigna ces matières à Arthur Rimbaud !-, et on découvre que pour quelques uns, leur fin demeure toujours entourée d’un parfum de mystère. Comme si la malédiction de Rascar Capac avait continué de frapper...

Jean-Bernard Pouy complète chacune de ces biographies par une riche notice bibliographique et, pour Jacques Clairmont, filmographique ; afin de permettre au lecteur qui le souhaite d’aller plus loin dans la connaissance des sept membres de cette extraordinaire expédition.


 A noter que Jean-Bernard Pouy fait état, dans son ouvrage, d’un lointain cousinage entre Félix Cantonneau et Paul Cantonneau, géologue à l’Université de Fribourg et membre de l’expédition lancée à la recherche de l’Etoile mystérieuse.
 L’Expédition Sanders-Hardmuth, Jean-Bernard Pouy, éditions ADK, 10 euros.